Rue de Bourg
Jean-Claude Hesselbarth est né à Lausanne le 29 mars 1925. Fils de Reinhold Hesselbarth et de Julie Clerc, il a deux sœurs aînées, Anne-Marie et Nelly. Le père, dont la famille est originaire de Thuringe, est horloger et tient boutique à la rue de Bourg.
Reinhold Hesselbarth devant son négoce, à l’angle des rues de Bourg et de la Paix, à Lausanne. La carte postale date de 1914*.
Ecole
Jean-Claude Hesselbarth est élève au collège de la Barre à Lausanne. Son voisin est le poète Philippe Jaccottet (les deux garçons tout gauche sur la photo). L’instituteur, Albert Chessex, est le grand-père de l’écrivain Jacques Chessex.
Photo de classe, collège de la Barre, 1935.
L’oncle
Avant-guerre : l’époque est à la crise et les affaires du père ne sont pas bonnes. La famille déménage et s’installe à Pully, dans la maison du grand-père maternel, Eugène Clerc, dentiste à Lausanne. La figure tutélaire, qui hantera Hesselbarth jusqu’à la fin de sa vie, c’est son oncle, le sculpteur Jean Clerc, jeune artiste prometteur, emporté en 1933 par une diphtérie à l’âge de 25 ans.
Jean Clerc en compagnie de Gustave
Roud et de Charles Ferdinand Ramuz.
Col du Grand-Saint-Bernard, 29 juillet
1931. Photographie d’Henry-Louis
Mermod (Centre des littératures en
Suisse romande).
Pension Mimosa
Son grand-père et son père meurent en décembre 1943 et en février 1944. Sa mère, bonne cuisinière, décide alors d’ouvrir une pension dans la maison familiale de Pully, la pension Mimosa. De nombreux hôtes s’y succéderont.
Jean-Claude Hesselbarth au premier plan. Julie Hesselbarth Clerc, en tablier, en bout de table, entourée d'hôtes.
Beaux-Arts
En 1945, Hesselbarth, grand lecteur, entre à la Faculté des Lettres de l’Université de Lausanne. Grec et latin, « un choix idiot », dira-t-il plus tard. En 1948, encouragé par son meilleur ami de l’époque, le comédien MarcelI Imhoff, il s’inscrit à l’Ecole cantonale de dessin et d’art appliqué de Lausanne. Ses maîtres sont Marcel Poncet et Casimir Reymond. C’est aussi un mélomane averti: membre fondateur du Jazz Club de Lausanne, ami de nombreux musiciens, amateur de concerts. La musique l’accompagne toute sa vie, du matin au soir.
Le tourne-disque. Années 50.
Ateliers
Il occupe un premier atelier à Lausanne, rue de la Madeleine 5, de 1955 à 1958. Puis un second, rue de Bourg 41, jusqu’en 1964. Dès 1955, il expose régulièrement son travail. Une première exposition personnelle à la Galerie L’Entracte, suivie de deux autres en 1958 et 1962 à la Galerie Bridel, à Lausanne. En 1957, il participe à l’exposition La peinture abstraite en Suisse au Musée des Beaux-Arts de Neuchâtel.
Atelier. Fin des années 50.
Le Sud
Il découvre le Sud et ses lumières, qui habitent désormais son œuvre. Voyages en Italie, puis en Grèce, avec quatre condisciples. En 1957, à l’invitation d’Anne-Marie Jaccottet, rencontrée aux Beaux-Arts, il prend la route de la Provence et séjourne à Grignan.
Grignan, 1957. Château à l’arrière-plan.
Lily
À la même époque, il fait la connaissance de Liliane Annen, scripte puis réalisatrice à la Télévision Suisse Romande. Ils se marient en 1970 et habitent la rue de Bourg jusqu’en 2010.
Portrait de Liliane Annen, capture d’écran provenant de l’émission Carrefour, RTS Radio Télévision Suisse, 1964.
Art concret
En 1955, Hesselbarth fonde avec André Gigon, Charles-Oscar Chollet et Arthur Jobin, le collège vaudois des artistes concrets, qui revendique l’intégration de l’art dans le patrimoine bâti. Liliane Annen consacre un documentaire télévisé, La Terre contre les murs (1969), à la fresque de l’entrée du Stade de la Pontaise à Lausanne.
Jean-Claude Hesselbarth et André Gigon, vers 1966.
Amitiés
Les amis comptent beaucoup pour Hesselbarth, qu’ils travaillent dans le domaine des arts plastiques, de la musique ou de la littérature.
Jean Miéville, Kurt von Ballmoos, Charles-Oscar Chollet, André Gigon, Liliane Annen, André Rossel, Simone Lador et Jean-Claude Hesselbarth, salle de l’Athénée, Lausanne, 1957.
Architecture
Pendant 11 ans, de 1962 à 1973, Hesselbarth enseigne le dessin à la section d’architecture de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Tout au long de sa carrière, il aura des liens professionnels et amicaux privilégiés avec de nombreux architectes. Il collabore à l’intégration d’œuvres d’art dans les constructions et à la mise en couleur de bâtiments.
Atelier de l’EPFL. Photo d’étudiant.
Rôtillon
Les hivers sont lausannois, entre l’appartement de la rue de Bourg et les deux ateliers du Rôtillon: au rez-de-chaussée un grand atelier, où défilent les œuvres à exposer, les châssis à terminer et les visiteurs et un petit atelier de dessin sous les toits.
En 1986, Gilles Pache, avec la collaboration de Nicolas Raboud, consacre un film, La Tête buissonnante, aux lieux et à l’œuvre d’Hesselbarth.
L’appartement de la rue de Bourg 29, quitté en 2010.
Galeries
En 1978, Hesselbarth est invité à la rétrospective Beginn des Tachismus in der Schweiz au Kunsthaus de Zurich.
Il expose régulièrement son travail dans diverses galeries, puis dès 1980 à la Galerie Plexus, chez Richard Aeschlimann, à Chexbres (actuellement Maison des Arts Plexus).
Galerie du Port, Rolle, 1969. Photo de Constantin Fernandez.
Drôme
Les étés du couple Hesselbarth-Annen sont provençaux, dans la Drôme. D’abord à La Durande, qu’ils louent près de Venterol, de 1976 à 1987, puis à Ventebrin, leur maison près de Taulignan, jusqu’en 2008, avant Grignan. Hesselbarth y travaille, en atelier, en plein air, jardine et reçoit ses amis. Sa palette s’éclaircit progressivement et les couleurs explosent.
Musées
En 1998, le Musée Jenisch lui consacre une rétrospective. En 2004, c’est le Musée de Pully qui met en regard son travail et celui du sculpteur Jean Clerc, son oncle. La Fondation Gianadda l’expose en 2014.
Atelier de Ventebrin, Taulignan, Drôme, 1998. Photo de Magali Koenig.
Grignan
En 2008, le couple Hesselbarth-Annen s’installe définitivement à Grignan. La présentation publique, au Théâtre de Vidy en avril 2015, de la monographie de Nicolas Raboud et Lauren Laz, Peindre le pays où fleurit l’oranger, publiée chez Till Schaap | Genoud, est l’occasion d’une dernière visite d’Hesselbarth à Lausanne. Il meurt à l’hôpital de Montélimar le 13 mai 2015, Lily disparaissant à son tour le 14 mai 2020 à Valence.
Galerie Plexus, Chexbres, juin 2012.
*Sauf mention contraire, les photographies de la biographie appartiennent au fonds Jean-Claude Hesselbarth déposé à la Bibliothèque cantonale et universitaire – Lausanne, site Unithèque.